NOTE : Toutes les photos sont visibles en plus grand format et en meilleure qualité, simplement en cliquant dessus.
En ce dimanche 07 mai 2006, je ne m'attendais en fait pas vraiment à un épisode orageux dans la région Centre-Ouest et vaquais à d'autres occupations sans me préoccuper du ciel, comme tout à chacun. En fait c'est surtout dans le Sud-Ouest que des orages pouvant être fort sont attendus, aussi je ne me préoccupe que peu de la météo du jour.
En fin d'après-midi cependant, après le passage d'un premier front pluvieux classique, je me rend compte tout de même que celui-ci est pourvu d'une légère instabilité, mais rien de bien méchant. On appelle cela un front pluvio-instable, sorte de mélange entre un front classique pluvieux et une ligne orageuse. Il ne sont généralement pas constitués vraiment de cumulonimbus, mais de nimbostratus dont certaines couches à mi-hauteur ont un profil légèrement instable. On parle alors de cumulonimbus ou d'orage noyés dans la masse, ou bien encore d'une ligne pluvio-orageuse. Ce genre de formation semi-orageuse témoigne d'une instabilité modérée situé surtout à moyenne altitude, mais elles peuvent parfois évolués. Et cela sera le cas vers Saumur plus à l'Est ou la ligne déversera quelques coups de tonnerres accompagnés d'une pluie ponctuellement torrentielle.
En revanche ici vers Angers, lorsque la pluie cessera, la seule observation visible, qui dénotera de son comportement différent d'une ligne pluvieuse ordinaire, sera la formation de quelques petits mammas en bordure arrière. Je décide de les prendre en photos. Cumulonimbus mammas noyés dans des nimbostratus à 18h38 depuis Trélazé (49) :
Après son passage, la lumière revient par l'Ouest et je constate que le ciel devient nettement plus intéressant. D'ailleurs on passe d'un temps gris, frais, humide et brumeux sous la ligne pluvieuse à une sensation plus douce, voir même d'une atmosphère lourde. C'est la configuration du ciel qui me dit que la journée est finalement loin d'être fini.
Je constate alors que de petits stratocumulus se forment et tentent de former de petites ondes de Kelvin-Helmoltz. C'est hélas très rapide et je n’ai pas le temps de prendre en photo le moment le plus caractéristique de ces ondulations très particulières. Cette photo de 18h37 a été prise alors que les ondes n'étaient pas encore tout à fait développé.
Les mêmes stratocumulus pris à 18h47, où l'on voit qu'ils se développent de plus en plus tout en perdant un peu leur caractéristique ondulante.
Alors que la première ligne pluvio-orageuse continue de s'éloigner vers la Touraine, à l'arrière de nombreux stratocumulus de plus en plus nombreux se développent, parfois légèrement undulatus. Je me dis que tout ceci est un signe certain que la possibilité d'orage n'est pas si nulle dans le coin.
En effet, un rapide aperçu sur les radars de pluie et une confirmation d'observateurs plus à l'Ouest (Nantes), nous dit que quelques-chose se passe et va probablement passé sur Angers dans 1 heure environ. Des impacts de foudre sont déjà relevés à Cholet plus au Sud. Si je reste chez moi, je vais tout loupé, c'est certain. Je prend alors la direction, de mon point de vue préféré du dimanche le plus proche. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attends. Je sais simplement qu'une ligne orageuse venu de l'atlantique va probablement aborder l'Anjou.
Voilà plus d'une heure que j'attends en haut d'un parking commercial à plusieurs étages où je domine presque à 360° à la ronde. Comme nous sommes dimanche, je ne suis pas dérangé et possède le parking pour moi tout seul. Le paysage est urbain et pas très esthétique, mais je suis persuadé de pouvoir tout de même en tirer quelque-chose. J'attends simplement que la ligne orageuse pointe le bout de son nez. A cette époque, en 2006, je chassais à vue sans portable. Je ne disposais donc pas de connexion internet capable de donner les informations radars une fois parti de chez moi, raison pour laquelle je n'osais pas partir trop loin.
Le ciel devient de plus en plus chargé de stratocumulus, d'altocumulus, de cumulus bleu-grisonnant, le tout surmonté d'un voile de plus en plus épais de cirrus. C'est le signe qu'un front froid est en approche. Je l'espère le plus instable possible et différent de la première ligne pluvio-orageuse pas très esthétique de tout à l'heure.
Et vers 20h30, en direction du Sud-Ouest j'observe enfin au loin ce que j'attendais. A vrai dire cela dépasse même de loin mes espérances. Cette première photo est un zoom sur ce que je discernais loin vers l'horizon.
Aucun doute possible, il s'agit d'un arcus, et un beau. Je n'en avais encore jamais vu d'aussi développé. Et l'avenir me dira que je n'en observerais jamais d'aussi remarquable dans le futur. Comme le montre la prochaine photo je n'arrive pas encore a contempler ce monstre dans son intégralité.
L'arcus désigne une particularité supplémentaire que l'on observe à la base de certains orages. Il se désigne comme un rouleau horizontal, dense, ayant des bords plus ou moins effilochés, situé à l'avant de la partie inférieure de certains cumulonimbus (et plus rarement cumulus), et prenant, lorsqu'il est étendu, l'aspect d'un arc sombre et menaçant. Les américains appelle ça un "shelf cloud" en référence aux formes que la glace prend dans les milieux polaires (ice shelf = plateforme de glace = inlandsis flottant sur la mer).
Il s'agit ici d'un panorama de 2 photos.
Sa bouche semble vouloir dévorer la ville d'Angers. On constate que sa partie médiane a des formes lisses très laminaire et que la partie basse pend dangereusement en rasant le sol. Inexorablement celui-ci se rapproche et je l'observe de mieux en mieux.
Seul 3 minutes séparent ces 4 photos, signe qu'il se déplace à bon allure. Le vent commence à se lever depuis sa direction.