L'Histoire de l'Anjou

De l'Antiquité au IIIème : Empire Romain

A l'origine, c'est le peuple Celtes des Andes (Andecaves) qui s'installe sur cette vallée à la confluence du Maine et de la Loire, et qui donneront leurs noms à Angers. Le site est stratégique car c'est le seul endroit où un simple pont peut traverser la Maine. Plus au Sud la Loire constitue une barrière naturelle, plus au Nord, les 3 rivières (Sarthe, Mayenne, le Loir) forment une vaste zone marécageuse difficile d'accès. Une ville se constitue donc rapidement et devient romaine quelques dizaines d'années avant J.C. sous le nom de Juliomagnus. Elle se développe grâce à l'essor des voies commerciales (route de l'Etain) car la grande Voie Romaine reliant la Bretagne à Lyon, passait par Angers.

Du IIIème au IXème : Invasions Barbares

Toute la région sera ravagée pendant cette période par les invasions germaniques puis normandes. Entre le IV et VIème, la ville se christianise et est administré par des Evêques (dont St Aubin) qui feront construire des bourgs monastiques mais aussi une forteresse féodale, car la ville, bien que facilement défendable puisque située sur deux promontoires de chaque coté de la Maine, se trouve être sous le pouvoir féodal Carolingien, à la frontière entre les territoires Bretons et les Normands. La ville tombera quand même aux mains des Normands, mais sera reprise par le roi de France Charles le Chauve en 873. Pendant tous ces siècles d'invasions barbares, le territoire Angevin sera dévasté à maintes reprises.

Du IX au XIIème : Les 1ers Comtes d'Anjou

L'éclatement de l'Empire Carolingien provoque l'instauration de principautés dirigées par des Comtes et qui en feront des fiefs héréditaires presque totalement indépendant du royaume de France. A la fin du IXème, Ingelger, chevalier vaillant, dirigera l'Anjou. Son fils deviendra le 1er d'une longue série de Comte d'Anjou. La menace de nouvelles invasions Normandes, provoquera la construction d'un véritable fort, à l'emplacement actuel du château sur un surplomb rocheux dominant de 30 mètres toute la vallée de la Maine et les vaisseaux Viking potentiel arrivant par le Loire. Progressivement le donjon, devient une grande forteresse urbaine avec la construction d'une (probable) seconde enceinte. La ville se développe bien et de nombreux édifices religieux se construisent pendant cette période (comme l'abbaye de Fontevrault). Au XI, la ville sera ravagée au 2/3 par un incendie. Mais la ville se reconstruit et au XII, Angers est une ville active et populeuse, peuplée de commerçants et de pêcheurs et développant son économie sur les Ardoisières, les céréales, la vigne, le miel et l'élevage. Une école épiscopale voit le jour et la Cathédrale est reconstruite faisant d'Angers une grande Capitale Culturelle rayonnante dans toute la France.

Du XII au XIIIème : La dynastie des Plantagenêt

Petit à petit au XIIème siècles le Comté d'Anjou, va jusqu'à assujettir les Comtés voisins (Nantais, Vendôme, Maine, Mayenne) en devenant même une des grandes principautés Françaises de l'époque, particulièrement sous la période d'Henri II, roi d'Angleterre et Comte d'Anjou, et qui réunissait par l'autorité de ses mariages, d'actions militaires et d'alliances ambitieuses, l'Angleterre, la Normandie, l'Aquitaine et la Bretagne. C'était le début de la dynastie des Plantagenets (Geoffroy V, Comte d'Anjou et mort en 1150), initiant les rivalités historiques avec l'Angleterre que l'on subira pleinement 200 ans plus tard (La Guerre de 100 ans : 1346 - 1453). A la mort d'Henri II, Compte d'Anjou et Roi d'Angleterre, Philippe Auguste prend l'Anjou à Jean Sans Terre pour l'annexer au domaine des capétiens. S'en suit une période où la région est en proie à la dévastation et la destruction par les Guerres avec les Anglais. C'est au début du XIIIème siècle que le château d'Angers sera fortifié dans sa forme actuelle, par Blanche de Castille, alors régente de Louis IX encore trop jeune (Saint Louis), afin de contenir les Anglais et les Bretons.

Du XIII au XVIème : Les Ducs d'Anjou

Mais avant l'année 1300, le Comté d'Anjou sera confisqué par les rois de France et transmis en apanage aux cadets, ce qui donnera naissance à deux dynasties d'Anjou s'étendant en Europe (dont Charles 1er, Comte d'Anjou, Roi de Sicile, Roi de Naples, Roi de Hongrie). Ainsi dès 1297, le Comté d'Anjou sera érigé en Comté - Pairie (Office de la couronne, donné aux grands groupes féodaux, vassaux direct des rois de France. C'est une distinction plus forte que le Titre de Noblesse, donné seulement aux nobles les plus importants). Au milieu du XIVème siècles, Charles V, donne l'Anjou à son frère Louis 1er d'Anjou et érige le Comté d'Anjou en Duché. Pendant la dynastie des Ducs d'Anjou au XIV et XVème siècle, malgré la Guerre des 100 ans et la Peste Noire alentour, a lieu une période favorable pour le Duché d'Anjou, de l'Art et de l'Architecture de la région. La Tapisserie de l'Apocalypse sera tissé et de nombreux autres châteaux, comme celui de Saumur seront construits. Les Ducs successifs d'Anjou mèneront des Guerres à l'étranger pour garder leurs possessions (Naples, Sicile) tout en favorisant le développement de l'Anjou, dont ils feront leur résidence privilégiée. Le Roi René, prince, poète et successeur des Ducs d'Anjou marquera très fortement son emprunte dans la région, car il sera l'architecte privilégié de nombreux édifice de la Renaissance sur Angers et les alentours (période Gothique du château d'Angers, comme sa chapelle royale). En cette fin du XVème siècles, après la Guerre de 100 ans, Angers redevient une ville prospère, centré sur la navigation de la Loire et exportant de nombreux matériaux (toiles, tuffeau, vin, ardoise) et important de la soierie ou des épices. L'âge culturel et artistique de la Renaissance s'inscrit pleinement en Anjou et la ville connaît à cette époque un formidable élan de prospérité. Ce n'est qu' en 1480, que l'Anjou deviendra définitivement un territoire royal, sous l'égide de Louis XI, mettant un terme à la notion de Comté ou de Duché.

Du XVI au XVIIIème : Guerre et Récession

Mais à la fin du XVIème, Angers comme Le Mans, Tours et Saumur sont prises par les Protestants en 1562. La répression est sévère et les catholiques extrémistes prennent les armes. Le château d'Angers sera pris et repris successivement par chacun des camps et sa destruction échappera de peu. Ce n'est qu'en 1598, lors d'un séjour d'Henri IV sur la ville que la pacification entrera enfin en vigueur. Mais l'ensemble de l'Anjou entre alors jusqu'au milieu du XVIIIème siècle dans une sorte de récession démographique et économique, bercé par les famines, les guerres de religion, la perte d'autonomie municipale (Duché devenu Domaine Royale), la pression fiscale monarchique, la désorganisation du commerce et de l'artisanat. A la veille de la révolution, Angers reste la "ville noire", aux mille toits d'ardoises et aux murs sombres de bois ou de schiste. La grande ville est restée médiévale et n'est guère agréable à habiter, avec ses ruelles en pente et ses maisons jugées "antiques", malgré quelques réalisations comme le Jardin du Mail.

Du XVIII au XIXème : De la Terreur à la Révolution Industrielle

Juste après la révolution de 1789, des récoltes très mauvaises seront à l'origine de quelques têtes coupés dont le botaniste La Révellière-Lépeaux. De plus, la rébellion des chouans et la guerre de Vendée plonge encore une fois l'Anjou dans des troubles violents. Saumur et Angers sont prises. Mais l'armée vendéenne essuie plus tard de grosses défaites et est finalement vaincue. La répression est terrible : 2000 personnes seront fusillées à Avrillé et lors de la Terreur on installe une guillotine sur la place du Ralliement. De grands changements architecturaux ont lieu tout de même dans la ville, puisque la place du ralliement est créée là où se tenait 3 églises et les fortifications sont détruites à partir de 1809. Les bouleversements économiques et sociaux du XIXème siècle transforment la ville, et l'arrivée du chemin de fer en 1849 détermine une extension de la ville vers le SE. C'est l'âge d'or de la pierre blanche et du tuffeau. Le centre-ville ressemble à celui d'aujourd'hui avec la mise en place de grandes artères quasi-haussmannienne entre 1820 et 1880. Une catastrophe a lieu cependant en 1850 avec l'effondrement du pont de la Basse Chaîne sous le pas saccadé d'une garnison de soldat. (Effet d'oscillation par résonance). Enfin, les manufactures et industries prennent leurs essors (Corderie du mail, distillerie Cointreau, bassin ardoisier de Trélazé...) et les pépinières surtout connaissent un développement exceptionnel, donnant à Angers son renom de cité horticole, qu'elle garde encore aujourd'hui.

Du XIX à Aujourd'hui : Le Renouveau d'une Ville Moderne

Angers s'enfonce ensuite dans une douce torpeur dont elle ne sortira qu'après la II GM. On assiste alors à une explosion démographique et économique sans précédant qui attire les industries de pointes. L'acquisition enfin des Tapisseries de Jean Lurçat place la ville comme capitale de l'art textile avec celle de l'Apocalypse. De nouveaux quartiers sont créées (Roseraie, Belle-Beille, Complexe du Lac de Maine, St Serge...) et les anciens quartiers réaménagé et remis en valeur. Aujourd'hui Angers est la 20ème ville de France en population et se compose d'une agglomération d'environ 250 000 habitants, la plaçant juste derrière Nantes parmi les grandes villes environnantes de l'Ouest.

Conclusion

Rayonnante au Moyen Age bien au-delà de ses propres frontières, la ville d'Angers par l'intermédiaire de ses Comtes et Ducs, notamment ceux de la dynastie Plantagenêt, furent à l'origine de bien des troubles secouant la France toute entière. Mais la région fut aussi plusieurs fois dévastée par les invasions et les guerres militaires, civiles ou religieuses venues de l'extérieur. Parfois plongée dans une douce torpeur récessive, à chaque fois elle se releva pour se lancer dans une frénésie de développement économique ou architectural, comme par exemple lors du règne du Roi René. Une histoire qui nous a laissé de beaux châteaux, manoirs ou castellets, et une Anjou aussi avec ces petits paysans ou artisans, vignerons, tailleurs de pierre, ou pêcheurs, qui ont laborieusement tissé la richesse de cette région où les rois de France sont venus goûter la douceur de vivre du climat choisi à l'origine par les Andécaves.