En ce 30 juillet 2005, l'air est encore un peu plus frais que les journées précédentes, puisque nous avons perdu 7°C (Tx) en 48h. Comme hier, nous retrouvons un ciel de traîne, mais cette fois-ci plus proche de nous et à partir surtout de midi plus active.
Ainsi vers 14h ce 30 juillet, nous perdons presque 4°C en 1 heure (13h = 20.3°C / 14h = 16.7°C / 15h = 20°C) en raison de fortes averses qui tombent sous le ciel angevin. Même si la lumière d'été favorise l'ascendance des cellules, c'est surtout la dynamique synoptique (air froid d'altitude) qui est responsable de cette activité convective.
Voici à 14h09 cette première forte averse vue de derrière (le flux vient de derrière moi). Elle génère de grosses gouttes et un peu de grésil, situation classique à Angers surtout en Automne.
Voici la même averse qui s'avance à 14h10. On aperçoit bien les gouttes sur la photo. J'entendrais 1 ou 2 coups de tonnerres pas plus.
C'est vraiment un ciel typique de ciel de traîne sous air froid, avec des cumulus de toute sorte de formes, bien visibles et aux dimensions anarchiques. On a du mal même à distinguer une frontière de sortie entre l'averse et la nuée de petits cumulus alentours, comme s’ils s’aggloméraient de toute part en gros paquet pluvieux.
C'est alors que l'averse venait de me passer dessus que je reçois un coup de téléphone d'un ami chasseur d'orage du coin. La conversation s'engage rapidement sur le but de l'appel :
"T'as pas vu un truc bizarre dans le ciel ? Je suis pas sûr je crois que j'ai vu un tuba. Je ne jure de rien, j'ai pas encore sorti la photo de l'apn, mais il me semble en avoir vu un sous l'averse de toute à l'heure. Donc comme tu as une meilleure vue que chez moi, je me demandais si tu l'avais pas vu aussi."
- Désolé non j'ai rien vu, mais maintenant que tu le dis, l'averse semblait costaud pour un simple ciel de traîne, j'ai pas prêté plus d'attention que ça, mais peut être ais-je aussi pris un tuba sans le remarquer tout à l'heure."
Dès lors, alors que d'autres averses passent et sont attendues selon le radar de pluie, je me mets à photographier frénétiquement tout ce qui peut ressembler de près comme de loin à un tuba. J'analyserais après. D'autant que je me dis que le tuba qu'il vient à l'instant de voir est peut être encore là sous mes yeux.
14h31, bingo je prend donc en photo ce premier cas de tuba.
Je décide de faire toute une série pendant plusieurs minutes sur ce tuba. 14h32
14h33, il commence en effet à former comme un nuage-mur.
14h37. Là le coup de grâce, vous ne pouvez plus rien contester. C'est un tuba, je suis formel.
14h37 toujours. Observez comment il se déforme très rapidement.
Enfin à 14h40, alors que la cellule s'éloigne de moi, je n'observe plus qu'un petit point de condensation située plus bas.
Oups je me suis trahis.
J'espère que vous n'avez pas cru un mot de ce que j'ai dit dans cette partie. Il s'agissait jusqu'ici d'un seuil de condensation de la base du nuage situé plus bas. Une zone locale plus humide ou plus chaude en quelque sorte.
Bien que tout ceci semblait bouger, je serais de toute façon dans l'incapacité totale de vous dire s'il y avait rotation ou non. A priori donc, non.
Mais je n'ai pas dit mon dernier mot dans la suite, vous allez voir :-p
Parallèlement juste après ce fameux coup de téléphone, alors qu'une nouvelle averse me passe dessus, voici ce que j'observe à 14h33 :
La pointe nuageuse devient de plus en plus effilée. Moins de 5mn séparent ces 2 photos (14h37).
2 minutes plus tard, d'autres pointes l'accompagnent renforçant ainsi la thèse du tuba...
Hum hum...
Bon stop j'arrête, promis. Je pense que la "blague" une fois suffit.
Il s'agit bien sûr de faux-tubas et là encore ce sont de simples lambeaux de nuage, sorte de petit cumulus fractus rattaché à une base de condensation ascendante de la cellule nuageuse.
Voici l'averse de traîne vue de derrière vers 15h et qui fut responsable d'une partie de ces faux-tubas trompeurs.
A vrai dire, il aurait fallut filmer en vidéo afin de se rendre compte de la rotation ou non. Mais très peu de chance selon moi de trouver la moindre rotation attestant l'hypothèse du tuba, car ce type de ciels de traînes est très peu propice aux cisaillements et donc à l'apparition de tuba. En revanche les ciels de traînes favorisent très souvent l'aspect déchiqueté en lambeaux des bases nuageuses.
Alors que l'averse s'éloigne, une suivante rase ma position et projette sur son devant à nouveau ce trompe-l'oeil.
Quelqu'un n'ayant pas l'habitude de voir des tubas et ne s'en faisant qu'une grossière image pourrait aussi se laisser abuser par ce genre de photo.
Il est assez évident cependant qu'il s'agit d'une enclume (incus) situé juste au-dessus de moi (l'apn levé vers le ciel). J'ai d'ailleurs volontairement incliné à 90° la photo pour accentuer son coté "tuba".
A 15h36, encore une autre forme de trompe l'oeil. Lorsque des formes sont floues prise derrière la pluie et peu disernable comme ici, il est parfois malgré toute la connaissance technique du phénomène de ne pouvoir absolument rien tiré d'une photo. Je le sais, j'y étais, il ne s'agit pas d'un tuba. Mais en sortant par exemple la photo de ce contexte (orage violent), il me serait déjà plus facile de vous en persuader si j'avais voulu. ^^
Enfin une dernière photo de la journée à 17h52, rendant compte de la fin de traîne qui se déplace vers la Touraine. On note que les cumulus ne montent pas bien haut dans le ciel, même si cela ne les empêchent pas de précipiter.
Ce n'est en fait que le soir sur le forum du Fryzeur que nous nous rendrons compte tous les deux que nous avions eu des hallucinations collectives. Mon collègue qui m'avait téléphoné se rendra compte le soir même qu'il avait en fait pris son tuba vu dans le coin de l'oeil pour un espace de forme conique entre deux cumulus (photo à l'appui). Chris49 et moi-même avons fait bien du chemin depuis ce jour là. ;-)
C'est en tout cas le genre de photos que nous sommes amenés aussi à traiter au sein de l'Association Keraunos (Observatoire des Tornades et des Orages Violents), et il est parfois très difficile de trancher, surtout en l'absence d'informations supplémentaire (autres photos, vidéo, conditions synoptique, radar) montrant le contexte nuageux-orageux tout autour.
En effet, un tuba n'est pas seulement un phénomène qui se décrit par des phénomènes visuelles observable tel qu'une pointe nuageuse "à peu près" conique (et encore moins photographique, figé dans le temps), il faut trouver avant tout une rotation. Une vidéo accéllérée permet déjà mieux de s'en rendre compte et je n'en disposais pas encore en 2005.